Histoire d’un village de l’Aisne

17 mars 2007 0 Par EDITEURS
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Votre bavard, toujours avide de connaissances, a déniché l’histoire peu banale d’un petit village de l’Aisne, situé à moins de 20 Kms au nord est de Soissons et rendu célèbre par la générosité des cheminots.

Cette modeste bourgade d’une centaine d’habitants n’est desservie par aucune ligne de chemin de fer, mais entretient depuis plus de soixante dix ans, des liens étroits avec les cheminots.

Durant la première guerre mondiale de 1914 à 1918, les furieux combats qui se déroulèrent au Chemin des Dames n’épargnèrent pas Sancy qui tomba aux mains des Allemands le 30 octobre 1914. Ceux-ci transformèrent l’église du village en hôpital de campagne.

Or parmi les blessés se trouvait le fils d’un chef de bureau du chemin de fer de l’État, Lucien Busquet, qui mourut des suites de ses blessures, et fut enterré au milieu des décombres.

Pilonné, écrasé, pris et repris par l’une ou l’autre des armées entre 1914 et 1918, Sancy, à l’Armistice, faisait partie de ces villages situés en zone rouge et totalement détruits, et dont la situation géographique devait être rappelée par un poteau portant l’inscription :  » ICI FUT SANCY « .

Paul Busquet, le père, chercha longtemps la tombe de son fils. Il la découvrit enfin, dans un coin du village, au milieu des ruines.

A l’occasion d’un pèlerinage qu’il faisait dans ce lieu douloureux, Paul Busquet rencontra un homme abattu, pensif et profondément meurtri : le maire du village. Il partageait avec l’instituteur une maisonnette en bois. Ils jurèrent de tout mettre en œuvre pour faire renaître Sancy de ses cendres. Dès le lendemain, Paul Busquet fit part de ce vœu au Président de l’Union Nationale des Cheminots : M. Louis Olivier, ancien maire du 13ème arrondissement de Paris, lequel devait devenir le premier Président d’honneur de l’œuvre de Sancy les Cheminots. Grâce à l’appui de la Présidente du Comité américain en faveur des régions dévastées, Madame Murray Dike, la reconstruction du village fût commencée. 

Des collectes furent organisées à l’échelon national parmi les cheminots, et leurs montants ajoutés aux nombreux dons reçus permirent :

  • de remettre en état les chemins,
  • de rétablir le captage des eaux de la source de St Ouen et d’en assurer la distribution,
  • de construire la Mairie École qui fût inaugurée le 3 septembre 1922.
  • de doter le village d’un matériel de lutte contre l’incendie.
  • d’acquérir une maison communale pour y loger un garde-champêtre.
  • de créer un  » jardin du Souvenir « : le Clos Margaet MC Intyre inauguré le 6 septembre 1925, où repose désormais Lucien Busquet, entre les stèles élevées à la mémoire des fils et gendre de Madame Wurtz, cheminote gérante de halte à Lutterbach (Alsace), du héros tchèque Venceslas Dostal, de Giuseppe Garibaldi et de ses petits fils, de Quentin Roosevelt, fils de l’ex-Président de Etats Unis, aviateur tué le 14 juillet 1918 à Coulanges, et de nombreux cheminots morts au champ d’honneur, dont Albert Deluce, tué à Corbeny le 7 avril 1918.

De plus, l’œuvre de Sancy les cheminots contribua à accélérer la reconstruction de l’église qui fût remise à Monseigneur Mennecy, Évêque de Soissons, et ouverte au culte le 30 septembre 1928.

La reconnaissance de ce village, entièrement anéanti en 1918, est le résultat de la grande fraternité des cheminots.

C’est pour les remercier que la commune demanda et obtint par décret du 17 novembre 1929, l’autorisation de s’appeler SANCY-LES-CHEMINOTS.

Aujourd’hui, Sancy les cheminots vit paisiblement et compte 106 habitants mais le souvenir ne s’efface pas et le blason de la ville rappelle la contribution si généreuse de tous les cheminots de France.

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site internet http://www.sancy.fr.st

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