La Maladrerie de Lomme

14 septembre 2008 0 Par EDITEURS
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Au bord du grand chemin Lille Armentières quelques malheureux au visage déformé tendent leur sébile quémandant l’aumône auprès des rares passants.

Ce sont les lépreux regroupés autour de la Maladrerie construite en 1467 grâce à la générosité de Philipe le Bon, Duc de Bourgogne, répondant au souhait formulé par les familles de ces malheureux.

La lèpre fait très peur, l’aspect repoussant de ces malades entraîne à la fois un sentiment de rejet mais aussi de compassion et l’Eglise, toute puissante, incite vivement à exercer la charité par la prise en charge matérielle de cette population.

Après un cérémonial funèbre, les malades sont admis dans des locaux adaptés à leur état. Dès lors, il faut trouver un lieu excentré par crainte de la contagion mais d’un accès facile pour permettre aux âmes secourables de s’occuper d’eux.

Ce sera Canteleu à une heure de marche de Lille et du Bourg de Lomme où seront construites quelques maisonnées abritant 3 à 4 malades ainsi qu’une chapelle dédiée à St Hubert d’une bonne facture architecturale avec sa fenêtre ogivale, ses moulures saillantes et sa charpente d’origine sur laquelle s’encastrait la voûte lambrissée.

C’est ce bâtiment qui nous reste en témoignage d’une époque dans laquelle se côtoyaient le faste des fêtes de Lille comme celle du Faisan* et la profonde misère du peuple en butte aux calamités naturelles comme la peste du siècle précédent et les guerres incessantes que se livraient les flamands, français ou espagnols et anglais.

La lèpre disparut presque complètement au 17ème siècle et si ces lieux abritèrent encore des malades atteints de peste, la chapelle qui servit de lieu de culte pour les habitants du quartier cessa son activité en 1749 et le domaine fut rattaché à l’hôpital St Sauveur.

Au cours des 19ème et 20ème siècles le bâtiment sera livré à divers usages commerciaux et même transformé en bistrot ce qui entraînera de sérieux dommages à la façade.

Enfin inscrit à l’inventaire supplémentaire des bâtiments historiques en 1982, cet ouvrage d’abord acheté par la municipalité puis revendu à un architecte sera réhabilité par ce dernier et retrouvera une partie de son aspect antérieur avant sa nouvelle cession à un restaurateur.

Aujourd’hui, ce monument est un des derniers vestiges du bas Moyen Age et sa conservation est indispensable à la compréhension de notre passé qui a modelé notre civilisation ; les journées du patrimoine organisées chaque année nous ouvrent les yeux sur cette mémoire illustrée cette fois par la maladrerie de Lomme.

*à la demande du pape qui souhaite une reprise des croisades, de grandes fêtes sont organisées en 1454 dans le palais Rihour

récemment construit regroupant tous les seigneurs sous le signe du Faisan.

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