Poulet un jour, poulet toujours
4 mars 2011« Le sort d’un poulet de batterie est-il de finir transformé en chickenmythic ou en chickennuggets au Mac do du coin ? » C’est la question existentielle que doivent se poser un vendredi soir de début de printemps cinq poulets rescapés d’un accident de camion, qui se retrouvent à picorer la moquette de la salle Beaulieu à La Délivrance.
Commence alors une longue quête sur le sens de la liberté : faut-il préférer la sécurité à l’inconnu ? Faut-il croire en l’omnipotence du Grand Œuf Primordial ou chercher la vérité par soi-même ? Faut-il privilégier la libre entreprise, qui ne serait que l’exploitation du poulet par le poulet, à la juste répartition des biens ? Le leadership d’un seul est-il forcément plus performant que la démocratie ? Comme on peut le voir, de la part de nos gallinacés, les réflexions volent plutôt haut.
Et la réponse n’est pas simple, car « une poule est seulement la façon qu’a un œuf de faire un autre œuf ». Comment peut donc naître le poulet nouveau ? Heureusement, la nouvelle prison cathodique est là, qui permet de réconcilier les aspirations à la liberté avec un confortable sentiment de sécurité. Les acteurs de « Chickens for ever » nous firent vivre là une véritable allégorie sur le rapport que l’humanité entretient avec elle.
A la fin du spectacle, l’auteur italien s’est entretenu avec le public pour lui expliquer comment il a « pondu » son texte. Il ne nous cacha pas que sa vision pessimiste de la vie est surtout alimentée par l’angoisse que génère en lui cette liberté, ce qui transparaît totalement dans cette pièce que sut apprécier le public, venu de toute la métropole.
La Maison Folie Beaulieu est donc bien en train de devenir un phare dans la vie culturelle de l’agglomération.