Transport de marchandises : changeons d’ère

20 juin 2017 0 Par EDITEURS
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Mercredi 5 avril, salle associative rue Giraud, le comité d’Etablissement Fret de la S.N.C.F a organisé un « Ciné/Débat » autour du documentaire de Gilles BALBASTRE « Transport de marchandises : changeons d’ère ».

Ce film dresse un constat accablant.

En matière de pollution, d’accidentalité et de coût pour la collectivité, le bilan de la route est très mauvais. Tous les ans des milliers de morts prématurées et des hospitalisations pour causes respiratoires et cardiaques liées à la pollution de l’air se produisent. En 2015 le coût de l’accidentalité (décès, soins, dégâts matériels, pollution de l’air, sécurité sociale) dépasse les 80 milliards. Les métropoles sont encombrées, des millions d’heures se perdent dans les embouteillages.

A l’inverse, le fret ferroviaire est une alternative connue de tous. Avec les transports en commun, il est l’un des leviers de la décongestion routière puisqu’un seul train de 35 wagons transporte le chargement de 55 camions de 32 tonnes. Il émet beaucoup moins de CO2 que le transport routier et est bien plus économe en énergie. Il est le moyen le plus sûr de transporter les marchandises dangereuses.

Et pourtant ce moyen de transport meurt. Les marchandises circulent de plus en plus mais de moins en moins sur les trains, les gares de triages comme celle de Délivrance ferment les unes après les autres, faute d’investissements suffisants, le réseau ferré s’est réduit (- 5000 km de lignes depuis 1980) et s’est détérioré. Le M.I.N de Lomme à sa création était très majoritairement alimenté par le rail. Aujourd’hui l’A25 est régulièrement surchargée, envahie qu’elle est par le transport routier.

Aux uns le droit de polluer et de capter les richesses et à la collectivité la prise en charge financière et humaine des conséquences des dégâts.

Pourquoi ce scandale ?

Si le fret par rail meurt aujourd’hui, c’est que les politiques publiques soutiennent la route et pénalisent le fer. Les transporteurs routiers ne paient pratiquement pas la construction des routes et n’acquittent qu’une faible partie des coûts de leur usage. Ils bénéficient de réductions et même d’exonérations de certaines taxes. Le droit européen a favorisé le dumping social entre travailleurs des différents pays. A l’inverse la S.N.C.F quant à elle doit tout payer, y compris les charges de la dette du système ferroviaire.

Pour sortir de cette situation, Gilles Balbastre estime qu’il faut donc contrarier l’ultralibéralisme routier en réduisant les facilités accordées au transport par route. Dynamiser le fret ferroviaire, c’est le financer grâce à des ressources issues du transport routier et agir au niveau européen pour appliquer la législation sociale du pays dans lequel on livre et non celle du pays de départ.

C’est aussi le reconnaître comme service public, dédié au développement durable, échappant comme tel au cadre strictement concurrentiel, financé pour partie par la collectivité.

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