Le train des vacances

8 septembre 2018 0 Par EDITEURS
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Le temps des vacances, c’est souvent celui d’un voyage dans l’espace, mais ce peut être aussi celui d’un voyage dans le temps.

C’est le cas par exemple à la gare désaffectée d’Arques, dans le Pas-de-Calais. Elle est installée le long de la ligne ferroviaire qui relia Saint-Omer à Boulogne jusqu’en 1959. Depuis, la SNCF l’utilise encore pour des transports de marchandises entre Lumbres et Saint-Omer. Mais il n’y a aucune activité le dimanche, ce qui permet à l’association du chemin de fer touristique de la vallée de l’Aa, fondée en 1992, composée de cheminots à la retraite mais aussi parfois encore en activité, de proposer régulièrement un aller-retour en train entre Arques et Lumbres. L’objectif est de remonter le cours de l’Aa, ce petit fleuve côtier en deux lettres, bien connu des cruciverbistes et d’en admirer les richesses naturelles et patrimoniales. Il prend sa source à Bourthes dans le Pas-de-Calais. A partir de Saint-Omer et jusqu’à Gravelines où il se jette dans la mer du Nord, il sert de frontière entre les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Sa longueur totale est de 89 km. Pour ces excursions, l’association dispose d’un autorail et d’un train tiré par une machine à vapeur.

C’est ce dernier qui est en attente de départ sur le quai de la gare d’Arques en ce dimanche d’août. La foule des voyageurs, après avoir pris son ticket, se dépêche de se répartir entre les différentes voitures. Le public est très familial, toutes les générations sont représentées, des petits-enfants aux grands-parents. Il leur faut, de manière plus ou moins aisée, escalader les hautes marches des wagons qui datent de 1939, d’un poids de 45 tonnes chacun. Quant à la locomotive à vapeur, elle date de 1943 et a été fabriquée à Vienne en Autriche. Elle pèse 148 tonnes, y compris les 30 mètres cubes d’eau et 9 tonnes de charbon. Chaque aller-retour entre Arques et Lumbres consomme 17 mètres cubes d’eau et 7 à 800 kilogrammes de charbon.

Le premier coup de sifflet retentit. Nous l’entendrons régulièrement au cours du voyage, soit pour prévenir d’un redémarrage, soit pour signaler notre présence aux habitants des environs. D’ailleurs, notre passage ne laisse pas indifférents les promeneurs qui eux aussi, pendant quelques minutes, se trouvent renvoyés à une autre époque.

Le train, tiré par la TY 2 6690, s’ébranle et nous voilà partis à la découverte de la vallée de l’Aa. Ce sont d’abord ses richesses naturelles qui sont les plus apparentes. Tout en longeant le cours d’eau, nos yeux sont assaillis par des touches de verts plus ou moins profonds, suivant qu’elles émanent de secteurs boisés ou de pâturages. Cette verdure est parfois entrecoupée des taches jaunes laissées par des champs moissonnés. Constamment en arrière-plan se découpent les coteaux de la vallée de l’Aa, sur lesquels pousse le genièvre, cette plante qui, disait-on au temps de la Révolution, « sert à fabriquer une boisson qui fortifie le courage des braves défenseurs de la patrie ».

C’est aussi l’action de la main de l’homme qui se donne à voir. Des quais ont été aménagés le long du parcours, afin de pouvoir descendre du train et admirer ce patrimoine de plus près. Défilent ainsi les gares, comme celles de Blendecques et de Lumbres, les papeteries et cartonneries de Wizernes. A Esquerdes, on peut admirer son église du XIIème siècle et sa poudrerie construite à l’époque de Louis XIV. La coupole d’Helfaut-Wizernes, qui domine le paysage, se donne elle aussi à voir. Avant d’arriver à Lumbres, le convoi roule sur le pont de fer qui enjambe l’Aa.

Dans cette dernière gare, tout le monde descend. Cette pause est nécessaire pour décrocher la locomotive, lui permettre de se rendre à l’autre extrémité des wagons, de s’y raccrocher afin de ramener le train à Arques. Ce spectacle attire de nombreux curieux. Un dernier arrêt, sur le chemin du retour, est effectué à la gare de Blendecques, transformée en petit musée du chemin de fer. Les guichets sont toujours présents et semblent nous attendre. Nous pénétrons à l’arrière et nous voyons ce qui faisait le quotidien des agents : matériel de fonctionnement et de signalisation, téléphones pour la communication avec les autres gares, tableaux avec les aiguillages…

Dans l’entrée trône une pile de vieilles valises, qui nous invitent à penser et prévoir d’autres voyages, en chemin de fer, dans l’espace et pourquoi pas, dans le temps !

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