Histoire… Organisation de la Cité à sa création… !
7 septembre 2019Lorsque les Cités sont achevées (1921 / 1922), la Compagnie des Chemins de Fer du Nord veut garder le pouvoir. Pour cela, elle crée un Comité de Gestion et, dans chaque Cité, un Conseil d’Administration.
Le Conseil d’Administration est composé de dirigeants désignés par la Compagnie qui travaillent sur site, en gare ou dans les ateliers, et d’autres membres élus par les habitants de la Cité. Il règle les problèmes d’organisation, d’entretien et de fonctionnement et fait respecter la réglementation qui est très stricte. Cependant, son pouvoir est limité, il est subordonné au Comité de Gestion qui siège à Paris. Ce dernier a autorité sur tous les Conseils d’Administration des cités et il est le seul à accorder les budgets et dicter les règlements internes. Ce Comité est formé de hauts responsables de la Compagnie, Monsieur Dautry (Ingénieur responsable de la construction des Cités pour la Compagnie des Chemins de Fer du Nord) y siège.
En parcourant les procès-verbaux des réunions du Conseil d’Administration de la Cité des Cheminots à Lomme, l’un d’entre eux nous a interpellé, le N° 15 du 1er Mars 1923, voici quelques extraits (en italique) :
« M XXX (membre du C A) fait connaître qu’à la suite d’une plainte de M. Chrétien, coiffeur de la Cité, le Comité de Gestion a décidé d’inviter M. XXX (Cheminot) habitant au N°…. de la Rue …. (adresse dans la Cité), à cesser sa concurrence non autorisée. Le garde est chargé de veiller à l’exécution de cette décision. »
Installation d’un deuxième salon de coiffure dans la Cité, sans autorisation… ? Ou travail au « noir », qui est un sujet vieux comme le monde… ?
Un autre sujet semble plus préoccupant :
« Le Conseil est avisé que de nouveaux locataires ont été privés de lumière électrique, par décision du Comité de Gestion néanmoins il y a lieu de remarquer une amélioration générale au point de vue de la consommation de l’éclairage, et étant donné cette amélioration, le Conseil demande au Comité une réduction de la durée de la sanction. »
Ce point fait suite à une décision du C. A. en date du 3 février 1923 : « A la suite des abus d’éclairage signalés par la compagnie, le Conseil d’Administration a fait remettre un avis chez chaque habitant pour les inviter à ne pas gaspiller inutilement l’électricité. Le résultat obtenu étant jugé insuffisant, le garde de la Cité a fait deux tournées de nuit en janvier et a signalé 152 maisons pour lesquelles plusieurs pièces étaient éclairées inutilement à la fois. 18 d’entre elles ont été relevées pour éclairage intensif au cours des deux tournées. La suppression temporaire de l’éclairage de ces 18 maisons a été demandé au Comité de Gestion. Le Conseil d’Administration prévient à nouveau les habitants que les tournées d’inspection continueront. Il les invite à restreindre encore et à limiter leur éclairage à leurs besoins strictement nécessaires. Le Conseil d’Administration »
Le ton est donné ! La réaction est immédiate… Toujours dans le compte rendu du 1er mars, le CA fera une demande au Comité de gestion pour la pose de compteurs individuels :
« Le Conseil est informé que la pose des compteurs est commencée dans les logements de CHAUNY moyennant un cautionnement de 10fr par compteur. Le Conseil demande pour que cette installation soit également faite dans tous les logements de la Cité pour éviter le retour des abus de l’éclairage. »
Cette solution vise à responsabiliser le consommateur, qui devient le payeur ! Mais on ne règle pas la surconsommation qui est toujours un problème aujourd’hui…
Le garde de la Cité qui est souvent mis à contribution ! Faisant office de « gendarme », il doit faire cohabiter la population de la Cité en fonction des règles émises par le Comité de Gestion et les directives du Conseil d’Administration… Tâches bien délicates qui ne facilitent pas son travail…
Collection Jean-Jacques LECOURT