Shakespeare et le climat
11 juin 2024Etonnant ce titre tant le nombre de siècles qui nous séparent laissent penser qu’au XVI è siècle les problèmes du changement climatique n’étaient pas dans les préoccupations premières de la population britannique.
Pourtant dans plusieurs œuvres le tragédien mentionne une série de désastres écologiques faisant dire à Titania :
« la lune blême de fureur détrempe l’air
Le songe d’une nuit d’été
et à travers ce trouble du climat
nous voyons changer les saisons. »
Dans « Le Roi Lear » cette idée de sénescence du monde et les écarts de température provoquées par la canicule provoquent pour lui des affrontements entre ses personnages (Roméo et Juliette) en raison du climat jugé malsain.
Si ce pessimisme peut se comprendre compte tenu des antagonismes religieux qui sévissaient à cette époque par la rivalité entre le Pape et la reine Elizabeth on s’interroge sur les raisons ou lectures ayant amené ce grand dramaturge à introduire dans ses œuvres des notions de changement climatique.
La renommée de « l’étoile des poètes » comme certains l’appelaient a franchi toutes les frontières et le souvenir dans les esprits de son théâtre de Londres (détruit au 17ème siècle) a tout naturellement amené la région Nord à proposer la création d’un ouvrage similaire au cœur d’une région longtemps sous domination british, rapprochement encouragé par l’entente cordiale franco-britannique mise en place en 1904.
Le théâtre shakespearien a donc traversé la manche et s’est installé de manière opportune dans les Hauts de France bénéficiant de l’initiative du département du Pas de Calais adoptant l’idée de reproduire le théâtre londonien sur le terrain jouxtant le château d’Hardelot construit sur les ruines d’un château fort.
Réalisé en bois, entouré d’un rideau de bambous, bénéficiant d’une ventilation naturelle et pouvant accueillir 388 spectateurs cette réplique du théâtre de Londres mais muni d’une toiture toutefois, offre un écrin brut et populaire qui ouvre en 2016 sous le patronage de la reine Elizabeth Ière.
Sa forme ronde est inspirée du théâtre réalisé en 1520 à l’occasion de la rencontre de François Ier et de Henri VIII dans le cadre du camp du drap d’or permettant une proximité des acteurs et du public qu’on laissait manifester son enthousiasme ou son mécontentement sans que ce chahut ne trouble la troupe d’acteurs.
La région boulonnaise bénéficie ainsi d’une des rares réalisations de ce type, elles sont 17 dans le monde, ce qui donne tout son attrait car le programme des œuvres présentées chaque année est éclectique, international et attirant de plus en plus de troupes de comédiens ou musiciens offrant aux populations proches des spectacles de qualité qui étaient jusqu’alors hors de portée.
Sources : Le nouveau magasine littéraire mars 2020. Revue Les Beaux Arts juin 2016. Stéphane Greenblatt « Will le magnifique »
PH