Monsieur Jean-Baptiste SCHMUTZ, un alsacien devenu lommois
28 novembre 2024Nous avons été contactés il y a plus d’un an par Mme Bertin qui faisait des recherches sur l’estaminet « Au Baudet » rue Anne Delavaux. Elle nous a envoyé deux photos d’époque prises dans cette rue. Rapidement nos échanges vont cibler le parcours de son arrière-grand-père : M. Jean Baptiste Schmutz né le 5 février 1856 à Bitschwiller-les-Thann (68), décédé le 24 janvier 1934 à Lomme. Nous nous sommes efforcés de répondre à ses questions, voici le fruit de nos investigations.
Avant toute prospection, nous devons nous replonger dans notre « Histoire ». Nos souvenirs d’école nous remémorent un événement tragique : Napoléon III déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1870. Moins de deux mois plus tard la chute de Sedan provoque celle de l’Empire et la République va être réinstaurée. Vaincue, la France cède au traité de Francfort l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne. Une clause laisse l’option du choix aux habitants des territoires annexés de rester en Alsace et de bénéficier de la nationalité allemande ou de garder la nationalité française.
Les conséquences dramatiques de ce choix crucial se traduiront 44 ans plus tard quand lors de la première guerre mondiale en 1914 des jeunes gens d’une même famille se sont faits face !
À partir de 1872, le service militaire obligatoire dans l’armée allemande est imposé aux résidents des territoires annexés. Cette mesure provoque la migration de 50 000 jeunes qui souhaitent échapper à cette contrainte. C’est ce qui explique sans doute une demande de naturalisation Française à Vesoul (Haute-Saône) en 1872 d’une partie de la famille Schmutz : le père Louis (né en 1821) et ses deux enfants Jean-Baptiste (né en 1856) et Benoît (né en 1858). Le choix est clair : ils ne souhaitent pas servir l’Allemagne !
Pourquoi le nord de la France ?
Au début du 19ème siècle, la famille Schmutz a connu l’essor industriel (textile et fabrication de machines à vapeur) de la vallée se situant entre Thann et Willer. A cette époque Jean-Baptiste et Benoît étaient « fileurs » compétences recherchées dans le Nord qui est aussi en plein développement industriel du textile et à la recherche de main d’œuvre. C’est le début d’un périple qui va conduire ces deux jeunes hommes vers la Flandre…
Jean-Baptiste Schmutz passe vraisemblablement par la Belgique, puis il réside à Roubaix où il se marie le 27 septembre 1890 avec Adeline Bernolet (1859-1917) qui est roubaisienne et qui travaille aussi en filature (profession : « dévideuse »).
De cette union nait quatre enfants. Adeline (1893-1974, grand-mère de Mme Bertin), fait partie de cette fratrie et se marie en 1913 à Lomme, la famille habite rue des Templiers (aujourd’hui rue Henri Ghesquière).
La construction de la cité de Délivrance va développer les commerces et les estaminets dans la rue Anne Delavaux, provoquant une reconversion pour M. Schmutz.
Dans le recensement de 1926 à Lomme, nous retrouvons cette famille au 81 rue Anne Delavaux et M. JB Schmutz est désigné comme « fileur » aux Etablissements « Delsalle ».
Le bouclage se fait aux Archives Départementales par le biais des « Ravet-Anceau » qui confirment qu’au 81 rue Anne Delavaux il y a un bien un estaminet tenu par M. Schmutz.
Nous cherchons toujours à établir le lien avec l’estaminet « Au Baudet », photo ci-dessous. La famille Schmutz est visible sur la droite de l’entrée de l’estaminet.
Nous remercions la famille de Jean Baptiste SCHMUTZ qui nous autorise à partager avec vous ce parcours qui nous montre comment l’Histoire peut bouleverser la vie d’une famille.
J-J L.