Souvenirs d’enfants sous les bombes en 1944 : rencontre du 6 novembre 2024
28 novembre 2024Ils sont venus dans des locaux qu’ils ne fréquentaient plus pour la plupart d’entre eux, un peu gauches et surpris mais curieux de connaître ce qu’on attendait d’eux et heureux de retrouver, avec difficulté, des visages d’anciens adolescents oubliés pendant tant d’années.
Ils étaient sept ainsi réunis, affichant la mine d’octogénaires et nonagénaires mais pour la plupart valides et ingambes, répondant aux questions et participant aux dialogues lancés par les organisateurs.
Depuis plusieurs mois Le Bavard souhaitait organiser une manifestation mémorielle rappelant la terrible nuit du 10 avril 44 avec les témoignages de survivants résidant encore dans la cité ou à proximité. C’était à l’époque des gamins entre 9 à 12 ans mais les souvenirs étaient toujours aussi vivaces et l’on sentait une grande envie de partager ces moments si douloureux.
En ouverture de cette rencontre Jean Jacques lançait son diaporama dont les images de destructions de logements faisant penser au sort des habitants sous les décombres faisaient réagir le public d’anciens en rappelant leurs pénibles moments vécus dans des abris de fortune telle la cage d’escalier avec leurs parents couvrant leurs corps pour les protéger.
S’ensuivit de nombreux échanges dans lesquels on apprenait des détails sur le vécu de ces heures intenses mais aussi sur les jours qui suivirent avec l’obligation de retrouver d’urgence des locaux pour continuer à vivre, se nourrir, retrouver une école, des moyens de se déplacer vers son travail et bien d’autres soucis.
Pierre expliqua ensuite qu’en 2010 ayant été désigné avec des enfants d’autres régions pour participer à une enquête d’une enseignante britannique les conclusions de celle-ci démontraient que des séquelles importantes avaient été relevées bien après la guerre auprès de certains adultes ne parvenant pas à se détacher totalement de cette terrible épreuve.
De cet échange de souvenirs dont le caractère douloureux reste entier il est apparu toutefois qu’il a permis de mettre exergue la solidarité et le réconfort de voisins qu’on découvrait dans ces moments de grandes difficultés confortant la conviction qu’un quartier en souffrance pouvait conserver dans l’adversité son identité cheminote d’entraide et de solidarité. P. H.