Une autre époque ?

Avoir 20 ans à Délivrance dans les années 50/60 et être amoureux n’était pas toujours facile à vivre lorsqu’il fallait abriter des regards vigilants de la famille ou des voisins trop curieux des manifestations de tendresse ou davantage !

Il fallait se déplacer et faute de voiture il restait le vélo qui pouvait emmener le couple jusqu’au Mont Noir où les bois peu envahis de touristes étaient accueillants mais c’était loin et réservé au dimanche avec son créneau de temps plus important.

Moins loin mais peu connu, le fort d’Englos était une destination plus insolite car son caractère guerrier même très atténué n’affichait pas un romantisme échevelé mais la discrétion était assurée.

Alors il fallait se rabattre sur l’environnement immédiat qui offrait aux connaisseurs une promenade agréable autour de ce qui s’appelait encore « le Château Delsalle » entouré de douves poissonneuses et de chemins arborés où il était facile de s’asseoir et de bavarder, bercés par le souffle du vent dans les ramures.

Pour y parvenir, la drève, accès bucolique par ses rangées d’arbres, était préférée à la ruelle Defrenne, mal pavée qui était autrefois empruntée par les manants, serviteurs et fournisseurs au service du Duc d’Isenghien qui, dans les temps anciens, régnait en seigneur dans le château fort du XVIème siècle, ancêtre du château Delsalle.

Dans ce cadre champêtre ces moments fugaces de solitude autorisaient tous les serments et les promesses d’un avenir heureux dans un environnement qu’on pensait immuable et rassurant par sa pérennité.

Soixante années se sont écoulées sur ce paysage où seule une façade rappelle brièvement l’histoire des lieux tandis que champs et chemins labourés de routes à grande circulation et recouverts de béton et d’enseignes lumineuses offrent aux regards une société vide de contacts humains sans autre perspective que la consommation.