Requiem en La « Mineuse »

2 décembre 2012 0 Par EDITEURS
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Nous avons évoqué il y a quelque temps dans de précédents articles l’implantation des arbres dans notre quartier et précisé que les Marronniers, face à l’hégémonie des Tilleuls, avaient réussi à « se faire une petite place ».

Il s’agit en l’occurrence de la plus grande puisqu’ils ceinturent la place Edmond DOMPSIN, du nom d’un déporté de la dernière guerre, anciennement place de la Victoire ou encore place du marché pour de nombreux cheminots de l’époque.

On en rencontre également le long de la rue de la Mitterie face à l’A.F.P.A et au Lycée Horticole, rue de Lompret à hauteur de la carrière et rue RABELAIS à l’entrée de la rue Clément MAROT.

Les vents pluvieux de novembre et décembre ont maintenant effeuillé totalement ces presque nonagénaires mettant fin à un phénomène encore apparent sous les soleils tièdes et les couleurs rouillées d’octobre.

La photo montre en effet la chute prématurée des feuilles de marronniers tandis que les essences voisines gardaient encore leur parure automnale.

Depuis juillet on pouvait constater que plusieurs de ces arbres étaient entrés prématurément en déclin. La dégradation s’était d’abord installée partiellement sur quelques branches avant de se répandre sur de nombreux feuillages voisins au cours des vacances, jaunissant puis brûlant les vertes ramures.

Quelle est la cause de cet étrange maléfice ?

Seraient-ce les barbecues festifs organisés cet été sur le site ?

Y aurait-il un tagueur fou dans le quartier ?

Un micro climat aride aurait-il sévit à cet endroit ?

Non, la réponse est tout autre. C’est la faute à la mineuse !

La mineuse, un minuscule papillon de 3 mm a été découvert en 1984 à la frontière entre la Macédoine et l’Albanie, il s’est rapidement répandu dans toute l’Europe, principalement par le biais des échanges commerciaux du bois. Arrivé en France en 2000 par l’Alsace, il n’épargne actuellement que le Finistère et les départements du Sud-Ouest. Au printemps a lieu le premier vol des papillons, ils sont issus des chrysalides qui ont passé l’hiver dans les amas végétaux au pied des arbres. La femelle pond ses œufs à la surface des feuilles. Trois semaines plus tard apparaissent les jeunes chenilles, si petites qu’elles s’enfoncent à l’intérieur de la mince couche végétale et y creusent des galeries. Installées entre les deux épidermes, elles se nourrissent du parenchyme, le tissu de remplissage des feuilles, les détruisant peu à peu par dessèchement.

Privé progressivement d’une partie de sa respiration l’arbre s’affaiblit et à terme risque de dépérir gravement.

Protégée par l’épiderme de la feuille, la mineuse se combat difficilement par les produits de traitement. Un programme européen de recherche pour trouver des moyens de lutte biologique contre ce ravageur a été lancé en 2001. Pour le moment, c’est encore le ramassage et la destruction des feuilles mortes par incinération qui est la première étape pour retarder son développement. D’autre part les oiseaux qui se sont rapidement adaptés en se nourrissant des chenilles limitent la prolifération du fléau. Protégeons-les, ils nous aident. Vive la biodiversité.

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