LA CUISINE OU LA MEMOIRE FAMILIALE
16 avril 2000Maman, le prof m’a félicité pour mon devoir de maths. Lancée entre deux lampées de chocolat, au gouter pris dans la cuisine, j’ d’une oreille attentive la confidence qui s’arrêterait là, puis ma fille parlera d’autre chose d’un prof ennuyeux ou d’une copine sympa. Que de nouvelles importantes me sont tombées dans ma cuisine au détour d’une tartine beurrée ou d’un jus de fruit avalé.
En vous-même, vous vous réjouissez que cette pièce encore une fois ait servi de déversoir aux petits secrets de vos enfants. Comme si vous voir au fourneau les plongeaient dans un état propice à la confidence.
« Tu fais quoi ? Une mousse. J’adore, je lèche la cuillère en attendant le coup de fil de Julie »
C’est qui Julie, interrogez-vous ? une copine super sympa. Et c’est ainsi que Julie entrera dans votre univers via la cuisine et la mousse au chocolat.
Un autre jour, ce sera le cadet qui vous décrira sa sortie du week-end sous la tente : La veillée, la pluie, le feu de bois.
La cuisine est un lieu intime. On peut y parler de tout et de rien.
On s’y croise au gré des petites et grandes faims de chacun.
En pyjama ou en survêtement chacun fait son apparition, à toute heure du jour et de la nuit.
On y raconte ses déboires, ses petites nouvelles.
On y rit souvent. Parfois on y pleure, on partage ses contrariétés, le nez dans l’assiette,
Plus tard, on y fera ses premières années de maitresse de maison.
Bien plus tard, aussi, on peut s’y revoir petit « Tu te souviens des bonnes soupes aux poireaux de mamy ! »
Les odeurs se mêlent aux souvenirs d’enfance. Les placards recèlent des trésors : miel des dernières vacances, pâté de campagne de l’oncle.
La cuisine engendre les souvenirs : théâtre des grands et petites heures de la famille, lieu des rencontres et de la mémoire.