L’évocation du passé, promesse d’avenir ?
18 décembre 2006C’était l’effervescence le week-end des 16 et 17 septembre dernier sur la Place Beaulieu où les membres du Bavard et le personnel de l’animation culturelle de la ville de Lomme accueillaient les visiteurs de l’exposition centrée sur la cité des cheminots.
Beaucoup d’émotion chez les plus anciens retrouvant dans les photos et les plans ou dessins les heures intenses de leur passé fait de conditions de travail difficiles ponctué d’épisodes heureux à travers fêtes et rencontres conviviales que permettaient les nombreuses associations musicales et culturelles.
Quant au public plus jeune, il découvrait l’ambiance d’un quartier dont la forte identité entrainait solidarité et entraide parmi les cheminots rassembles dans un ensemble à la fois urbain et champêtre.
Les enfants des écoles Curie Pasteur et du collège Guy Mollet avaient pour leur part décidé de se joindre à ce rappel historique et présentaient leur travail de collecte de vieilles photos et se rappropriaient les souvenirs d’anciens mélanges à leur vision d’aujourd’hui créant ainsi une passerelle entre les deux époques.
Pour concrétiser sur le terrain toutes ces impressions, un petit train emmenant les visiteurs parcourait les rues de la cité, s’arrêtant au gré des commentaires explicatifs sur l’urbanisme et l’architecture des maisons rencontrées.
Ainsi chacun a pu enfin remarquer que dans une même rue peu de logements se ressemblaient car la volonté des concepteurs était d’offrir une diversité architecturale rompant ainsi avec les cités ouvrières traditionnelles.
Tous les détails passés trop souvent inaperçus apparaissaient évidents tels que les porches, les toits aux multiples pentes sur des mansardes et petites lucarnes, les encorbellements ou par endroit les colombages à demi effacés.
Pour replonger dans ce passé chatoyant, le petit train s’est arrêté au carrefour des rues Wallaert et Ollivier afin d’admirer le travail de réhabilitation opéré sur la maison d’angle.
Avec son bow window, ses toitures complexes, ses colombages très marqués elle signe le souci de qualité voulu par les constructeurs et laisse deviner la polychromie que devait présenter le quartier lors de sa construction.
Maison de Chef il est vrai, mais outre que son allure générale n’écrase pas les maisons d’alentour, ces dernières possèdent également des éléments spécifiques apportant un caractère personnalisé que l’on retrouvait tout au long du parcours et notamment rue Giraud ou un petit balcon de bois donnait un petit air de campagne landaise tandis que dans l’avenue Salengro la façade crénelée en pas de moineaux d’une vaste maison rappelait l’architecture flamande.
Le voyage se continuait Place Dompsin largement dimensionnée et dont les équipements éducatifs et sanitaires témoignaient d’une vie culturelle et sociale prégnante. En citant l’école Pasteur dont subsistent heureusement de jolies photos, l’ancienne bibliothèque rue Pierre Fosfer et le dispensaire, immeuble ô combien symbolique par son action préventive et soignante auprès de générations d’enfants, les guides du petit train suscitaient l’étonnement chez les jeunes gens présents et ravivaient quelques souvenirs émus chez les anciens
La place Beaulieu, terminus du voyage, donnait l’occasion de souligner le rôle de la salle des fêtes inaugurée en 1924 par Raoul Dautry*, centre de toutes les activités de loisirs où les vocations de musicien, danseur et acteur de théâtre pouvaient s’exprimer.
Les étonnantes céramiques en fronton, les balustres et nombreux apports décoratifs démontraient le souci d’apporter au cœur de cité un élément de patrimoine remarquable par son élégance que soulignait encore l’énorme vase de Sèvres placé au centre de la place.
Cet ensemble urbanistique répondait a une volonté de créer une zone attrayante où devait régner un climat social propice au regroupement familial, à la solidarité et l’identite cheminote forte.
Si Les journées des16 et 17 septembre n’ont pu qu’effleurer la longue histoire du vécu de ces hommes, femmes et enfants du quartier, elles auront permis d’entrevoir la richesse patrimoniale de Délivrance dont le niveau général en voie de redressement peut lui permettre de connaitre un jour la reconnaissance à travers son inscription à l’inventaire des monuments historiques.
*Raoul Doutry, Ingénieur en chef puis directeur général ces Chemins de fer, fut le vrai concepteur de la cité