Une cité jardin

La politique sociale initiée par les dirigeants de la Compagnie des Chemins de fer du Nord se retrouve dans l’urbanisme de la cité de Délivrance et notamment dans ses jardins qui vont devenir une référence et bientôt un motif de visite pour les curieux des alentours.

Raoul Dautry, préconisait lors de l’inauguration de la salle Beaulieu devant les familles de cheminots une vie digne, sans excès ni alcoolisme, pas de négligence dans la tenue des maisons, beaucoup de jardinage et d’exercices physiques ainsi qu’une hygiène rigoureuse.

Ces conseils, pour moralisateurs qu’ils pouvaient paraître, étaient consécutifs aux souhaits de maintenir dans la cité une main-d’œuvre en bonne santé dans un cadre familial sécurisant et occupant le cheminot aux nombreuses tâches d’entretien du potager, source de revenus complémentaires.

Une des missions confiée au garde champêtre ne consistait-elle pas à surveiller la bonne tenue desdits jardins avec, selon certaines anecdotes, des sanctions pour les récalcitrants osant s’opposer à cette réglementation jugée parfois pesante ou tatillonne.

L’urbanisme général de la petite ville formée par La Délivrance reposait dès lors sur l’aménagement des pavillons d’architecture variée posés au milieu de parcelles de terrain d’environ 5 à 600 m². Dans les clôtures formées de haies de troènes ou de rosiers s’ouvraient des grilles métalliques sous de curieux portiques de ciment comme une propriété campagnarde.

Pour impulser l’obligation du bon entretien et donner l’exemple d’une tenue irréprochable, la Compagnie n’hésitait pas à envoyer ses agents jardiniers tailler toutes les haies de la cité. Ce travail qui occupait des agents des journées complètes avait le mérite d’offrir aux regards des rues bien dessinées, dans un décor végétal de belle allure que chaque cheminot était finalement fier de présenter à ses visiteurs.