Une Cité jumelle : Saint Pol sur Mer

14 septembre 2008 0 Par EDITEURS
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Le Bavard, toujours avide de voyage, veut faire le tour des Cités jardins de notre département. La première, chère au cœur des cheminots de Délivrance, est sans nul doute la Cité de Saint Pol sur Mer, située à l’ouest de Dunkerque.

Elle représente en effet l’évasion pour les nombreux enfants qui ont fréquenté le Centre de loisirs de Délivrance. Durant les grandes vacances, des stages de voile d’une semaine, étaient organisés au Centre de Saint Pol sur Mer, la base de voile se situant à Leffrinckoucke.

Dépaysement, grand air et apprentissage de la voile étaient au menu de cette semaine qui passait si vite. La S.N.C.F possédait alors une magnifique flotte de bateaux à voile en tout genre : « optimistes, caravelles, musards et autres 470 », autant d’embarcations qui ont permis à une multitude d’apprentis marins de posséder les rudiments de la marine à voile.

Pour aller tous les matins à Leffrinckoucke, il fallait traverser une grande partie de la Cité de Saint Pol avant de prendre le bus qui nous amenait à la base de voile. La première impression qui se dégageait de ce cheminement dans la Cité était une sensation bizarre de déjà-vu. En effet, la Cité de Saint Pol ressemblait étrangement à notre Cité de Délivrance.

Le style des maisons, les grands jardins, les rues étroites et courbes, le complexe sportif entouré de la même main courante, l’église en bois, le centre social, on avait vraiment l’impression d’être chez nous. Point de doute, ces deux Cités étaient jumelles !

Tandis qu’à Lomme notre quartier s’est quelque peu transformé mais a gardé son cachet d’autrefois, que s’est-il passé dans le quartier cheminot de Saint Pol ?

Eh bien, à première vue, rien n’a beaucoup changé. La Cité est toujours debout ! Comme à Délivrance, les bombardements de la guerre 39-45 ont fait surgir de nouvelles habitations mais il reste encore beaucoup de maisons datant de la construction de cette Cité, dans les années vingt.

L’école ménagère appelée « cours de débrouillage »

La paroisse du Sacré Cœur, l’église en bois, ressemble beaucoup à la première église Saint Christophe de notre cité. Le clocher nous rappelle une silhouette qui a longtemps fait partie de notre paysage. Un bâtiment contigu à l’église, également en bois, est également déserté. Il devait abriter diverses activités religieuses. Ces deux édifices semblent condamnés pour laisser place à des logements collectifs.

L’école Vancauwenberghe, située face à l’église, était construite en bois du même style que l’église. Elle a disparu, laissant place à un vague parking.

L’église du Sacré Cœur est toujours là mais pour combien de temps ?

Le centre d’hygiène sociale et l’école ménagère (appelée « cours de débrouillage ») témoignent encore de l’importante l’activité importante qui se déroulait dans cette cité.

L’architecture de ces deux édifices est bien caractéristique des cités de cheminots de l’époque. Petites colonnes, colombages et mosaïques ne sont pas sans nous rappeler la salle Beaulieu ou l’ancien cabinet médical.

Bien sûr, le centre social et l’école ménagère sont à l’abandon, héritage, comme chez nous, du désengagement inéluctable de la S.N.C.F.

Il n’est pas sûr que ces deux bâtiments puissent résister encore longtemps aux promoteurs immobiliers.

Leur disparition porterait un mauvais coup à l’histoire de la cité de Saint Pol sur mer.

Le centre d’hygiène sociale laissé à l’abandon.

Le complexe sportif est toujours en service et la main courante, entourant la stade, date encore de sa construction. Football, basket, judo, athlétisme étaient pratiqués avec assiduité. Le Centre aéré fonctionnait à plein rendement pendant les vacances scolaires et la piscine (découverte, comme à la Déli) a permis à des générations de petits cheminots d’apprendre à nager et de s’ébattre dans une eau pas toujours très chaude.

La piscine de Saint Pol, aujourd’hui disparue
La salle des sports aujourd’hui

Les maisons de cette Cité ressemblent beaucoup à celles que l’on connaît dans la cité de Délivrance. Murs en parpaings, toits recouverts de tuiles mécaniques, jardins conséquents permettent la culture potagère.

On retrouve bien les mêmes architectes ( Molinié-Nicod-Pouthier, Piketty, Umbdenstock,…) et sans doute les mêmes entreprises (Féron, Rolland Frères, Pelle-Goudard,…) qui ont œuvré à l’édification de cette cité.

Le confort était identique : eau courante, toilettes à l’intérieur, tout-à-l’égout, électricité, pièces claires et spacieuses, cheminées dans toutes les pièces,…

La seule différence entre ces deux Cités concerne la reconstruction d’après guerre. En effet, alors qu’à Délivrance, on a conservé le cachet pavillonnaire qui faisait la beauté de la Cité; à Saint Pol, les nouvelles maisons édifiées ressemblent un peu plus à des maisons de coron. Le résultat est parfois surprenant et déroute quelque peu le visiteur amoureux des Cités de cheminots.

Une maison ancienne datant des années vingt
La nouvelle génération de maisons reconstruites après guerre

Cette Cité-jardin comprenait près de 800 logements où vécurent de nombreux cheminots. Parmi eux, Monsieur Christian Croquelois, nostalgique d’une enfance heureuse au sein de la communauté cheminote de Saint Pol, a organisé au mois de mai 2007 des retrouvailles autour d’une exposition de photographies émaillant la vie de la Cité.

Il a réuni plus de 200 documents qui ont ainsi nourri les discussions et réveillé les souvenirs emmagasinés par plusieurs générations d’hommes, de femmes et d’enfants.

Une bonne façon de partager avec les plus jeunes l’héritage d’une Cité qui fonctionnait comme un véritable village dans la ville sous le regard de son propre conseil de Cité.

L’avenir de la Cité de Saint Pol ne semble guère réjouissant. En effet, de nombreux bâtiments sont à l’abandon et la SNCF, comme à Délivrance, s’est complètement désengagé de ce patrimoine pourtant si précieux.

Souhaitons cependant que des bonnes volontés se rassemblent et participent activement à la sauvegarde de cette cité-jardin qui dégage un charme si particulier.

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