Une belle soirée
2 juin 2012L’affiche était prometteuse et les spectateurs n’ont pas regretté leur déplacement à la salle Beaulieu pour y voir ou revoir un des films culte qui avait bouleversé les habitants de Délivrance dans l’après-guerre.
Monsieur Ammeux qui avait souscrit à une proposition de quelques membres de la commission histoire a retrouvé une copie du film « La bataille du rail » de René Clément et a organisé une séance de cinéclub dont la projection allait être suivie d’un débat avec les spectateurs.
Si l’émotion à la vue des actions héroïques des cheminots résistants ne pouvait être aussi intense qu’en 1946, les images de solidarité et de fraternité face à l’occupant et la scène des otages fusillés ont touché tous les spectateurs même si parmi eux les anciens cheminots n’étaient plus aussi nombreux qu’auparavant.
Cette résistance a été quantifiée par le Général De Gaulle lui-même qui, dans ses Mémoires, estimait qu’elle avait contribué à la destruction de 1800 locomotives et 6000 wagons tandis que ses actions de harcèlement retardaient pendant plus de 15 jours la 11ème panzer-division en route pour le front de Normandie.
Après la projection, tout le monde s’est retrouvé autour du bar dans un moment de convivialité pour découvrir les conditions de réalisation du film et les objectifs poursuivis par les différents commanditaires parmi lesquels la SNCF qui, en prêtant son matériel et permettant à son personnel d’y jouer divers rôles, a contribué à la véracité et au réalisme des scènes dont le sabotage et le déraillement du train blindé constituait la scène majeure du film.
Ce film qui au départ n’était prévu que pour un documentaire à très petit budget avec peu d’acteurs professionnels et des figurants bénévoles s’est enrichi d’une histoire de la résistance centrée sur le rail dont l’écho a largement dépassé les frontières grâce notamment à sa récompense obtenue au festival de Cannes de l’année 1946.
Pour mémoire, il faut savoir que les recettes inespérées de la diffusion internationale du film ont permis de rémunérer les acteurs mais surtout d’alimenter pendant un demi-siècle une caisse d’entraide pour les cheminots et leurs familles victimes de la guerre.