La Grande Guerre au coin de la rue

21 septembre 2014 0 Par EDITEURS
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Victor Allard, René Bodèle, Jules Goury, Hector Lemaire, Victor Martel… Tous ces noms, vous les connaissez bien, car ce sont ceux des rues de votre quartier, que vous arpentez régulièrement, hiver comme été.

Lors de la création de la cité, il fut décidé qu’un certain nombre de rues porteraient le nom de cheminots décédés pendant la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, grâce aux documents mis en ligne sur internet, il est possible de les faire revivre. Il suffit pour cela de consulter la base de données « Mémoire des hommes » du ministère de la Défense, qui donne accès aux fiches de décès des 1.300.000 soldats morts pour la France ou les registres matricules militaires, les actes d’état-civil et les recensements de population diffusés par les services d’Archives départementales.

Prenons par exemple le cas de René Bodèle, qui a donné son nom à une voie qui relie la place Demory à la place Edmond Dompsin. Les informations recueillies nous permettent de savoir que René Joseph Bodèle est né le 7 janvier 1872 à 4 heures de l’après-midi à Vieux-Berquin, canton de Bailleul et arrondissement d’Hazebrouck. Il est le fils d’Henri Louis Bodèle, tisserand, et de Catherine Rosalie Verstaevel, dentellière, domiciliés chemin de Cassel à Vieux-Berquin.

Sa fiche matricule militaire en donne une description physique à l’âge de 20 ans. Il a les cheveux châtains, les sourcils blonds, les yeux gris, le front haut, le nez gros, une bouche grande, un menton allongé et un visage plein. Sa taille est de 1,57 m. Né d’un père qui n’a pas su signer son acte de mariage en 1859, il a bénéficié des bienfaits de l’école républicaine de Jules Ferry car il est comptabilisé parmi les jeunes gens sachant lire, écrire et compter. Il est alors journalier, c’est-à-dire ouvrier agricole, et il effectue son service militaire au 153ème régiment d’infanterie.

Il entre à une date indéterminée à la Compagnie de Chemin de Fer du Nord et devient garde-barrière à Armentières. Mobilisé le 2 août 1914, il est laissé à la disposition de la Compagnie du Chemin de Fer du Nord comme affecté spécial et rattaché à la 5ème section de chemin de fer de campagne.

Les sections de chemins de fer de campagne ou sections techniques d’ouvriers de Chemins de fer de Campagne étaient chargées en temps de guerre avec les sapeurs de chemins de fer de la construction, de la réparation et de l’exploitation des voies ferrées. Chaque section comprenait un commandant de section avec attributions de chef de corps, des fonctionnaires, employés et ouvriers, répartis entre un service central, les trois divisions du mouvement, de la voie et de la traction et un dépôt central commun. Le personnel portait les brassards des services des chemins de fer: rouges pour la traction, blancs pour l’exploitation, jaunes pour la voie et l’entretien.

Ces personnels n’étaient assurément pas ce qu’on aurait pu appeler des planqués, puisqu’ils pouvaient à tout moment être pris pour cible par l’artillerie adverse ou être sujets à des bombardements aériens. C’est ce qui dut arriver à René Bodèle puisqu’il fut admis à l’hôpital mixte d’Hazebrouck et qu’il décéda de ses blessures le 12 novembre 1917.

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