La débâcle et l’exode en 1940
20 septembre 2017Nous avons reçu d’un natif de la cité un dossier réalisé par un membre de sa famille décrivant les conditions du départ de la majorité des habitants fuyant les bombardements allemands et obéissant aussi aux ordres d’évacuation lancés par les autorités totalement dépassées par les évènements et l’écroulement militaire.
C’est plus de deux millions de personnes qui sont jetées sur les routes dans la confusion la plus complète entrainant l’angoisse et un déchirement des familles parfois séparées involontairement ; on estime que plus de 90 000 enfants seront dispersés, perdus ou tués dans les bombardements.
Dans ce chaos invraisemblable, de nombreuses familles de cheminots tenteront de quitter Délivrance en Mai 1940 mais seuls deux trains composés de wagons à bestiaux stationnaient en gare de Délivrance ; ils furent pris d’assaut et démarrèrent rapidement sous la mitraille. Ils ne purent aller très loin car des avions allemands les stoppèrent, l’un à Attaques près de Calais, l’autre à Béthune et ce fut un retour penaud qui prit plusieurs jours car il n’y avait plus aucun moyen de transport.
La rédactrice de ces mémoires âgée à l’époque de 8 ans décrira par le menu des années plus tard les péripéties de ce tragique déplacement et l’effroi mélangé aux souffrances endurées par les trois familles composant ce petit groupe.
La faim qui tenaillait chacun des membres dont un bébé d’un an* et l’inconfort des nuits passées dans des abris de fortune s’ajoutaient à la fatigue croissante lors du retour à pied vers le domicile qui prit plus de 8 jours en trainant le poids des sacs d’objets hétéroclites ou de matériel plus ou moins nécessaire emportés à la hâte.
La guerre toujours présente ajoutait des moments de terreur dans ce parcours par les mitraillages aériens qui jetaient à terre ou dans les fossés toute la famille protégeant à la hâte les enfants et le bébé.
La solidarité se manifestait parfois dans les fermes rencontrées sur le chemin et le litre de lait ou les légumes et fruits étaient les bienvenus avec parfois d’heureuses surprises lorsqu’un cochon venait d’être abattu.
Des surprises plus désagréables seront découvertes en réintégrant le foyer lorsqu’en pénétrant dans leur logement beaucoup de ces familles s’apercevront que la maison a été visitée pendant leur absence et que divers objets ont disparu faisant oublier l’entraide reçue au cours de leur périlleux exode.
Un long et désespérant hiver de privations, de défiance, de drames commençait pour de très longues années alternant des moments d’espoir et des sombres journées de pessimisme avant que la cité de Délivrance, durement meurtrie pendant ces quatre années de guerre, ne retrouve une sérénité et de nouveaux motifs d’espérer en l’avenir.
* Avec l’aimable autorisation de Mme Ghesquiers-Byache et Pierre Bigot qui nous a confié ces documents.