La Délivrance, des questions mais peu de réponses
8 mars 2018La Voix du Nord vient de publier trois articles sur le quartier de La Délivrance qui provoquent de nombreuses réactions compte tenu des perspectives annoncées lesquelles sont une vraie rupture avec tous les messages transmis au travers de réunions publiques ces dernières années.
Depuis presque 10 ans la réhabilitation du quartier est un sujet de conversation incontournable tant la question est délicate à divers titres selon que l’on occupe un logement promis à la démolition ou à sa restauration et que l’on est sensible à l’environnement attrayant et à son urbanisme novateur.
La MEL avait réalisé un remarquable document dans le cadre du PLU en soulignant la conception « révolutionnaire » de cet ensemble de 835 logements baignant dans un élément végétal très diversifié et doté d’équipements publics couvrant tous les domaines d’activité.
A ce titre la MEL insistait pour conserver autant que possible les logements dits « historiques » qui tous présentent des caractéristiques telles que des volumétries complexes, des décrochements de façades ou des assymétries, ainsi que des éléments de menuiserie soulignant les porches cintrés.
Le Bavard dans son numéro hors-série n°1 de 2011 mettait en valeur ces modèles de pavillons harmonieusement proportionnés, coiffés pour la plupart de toitures enveloppantes descendant parfois jusqu’à un mètre du sol.
La réhabilitation était déjà bien entamée et si les premières mesures touchant les voiries et les enfouissements de réseaux donnaient pleine satisfaction hormis les encombrantes jardinières de briques dont on ne sait que faire aujourd’hui, les bulldozers et pelleteuses entraient en fonction et procédaient méthodiquement à la destruction de logements « historiques » considérés (par qui ?) comme ne présentant pas une architecture remarquable.
A ce titre, des dizaines de maisons auraient pu être rasées puisqu’un logement individuel comme celui de la rue Jeanne Lavallart a été supprimé alors que plus de 10 autres modèles identiques d’une impasse ont été conservés.
Aussi, lorsque La Voix du Nord fait un titre choc dans son édition du vendredi 18 mai 2018 « La cité jardin vendue à Marignan et Partenord » les questions fusent de toutes parts : qui est concerné, que deviennent les locataires, que seront les caractéristiques des maisons nouvelles, aurons-nous droit à un jardin ou à un jardinet et que signifie « densification » du quartier.
Pendant des années La Délivrance a vécu sur un acquis lié au prestige du rail dans l’accroissement économique du pays et sur les progrès constants des matériels entretenus par une profession fière de ses capacités reconnues.
En quelques années l’image du chemin de fer s’est ternie essentiellement dans le créneau du fret pour des raisons multiples qui impliquent des décideurs à tous les niveaux n’ayant pas su ou pas pu engager un dialogue avec les parties prenantes au transport de marchandises sur le territoire.
De l’abandon du maillage du pays au transfert de nombreux marchés dont ont bénéficié les professionnels de la route, la SNCF s’est désengagée totalement de son patrimoine et en même temps de son rôle vis à vis de son personnel qui bénéficiait depuis des décennies d’un cadre de vie exceptionnel.
La communauté cheminote particulièrement solidaire a été très touchée par cette disparition progressive de tout ce qui faisait leur vie et s’est peu à peu disloquée, atteinte par les diminutions d’effectifs eux même liés à la diminution du trafic des gares de triage.
Les nouveaux partenaires de réhabilitation annoncés par la presse se doivent d’ouvrir leurs dossiers à tout ce public de Délivrance particulièrement échaudé par les mesures prises à l’égard de plusieurs anciens dont les logements ont été détruits.
Si les formes cubiques de la rue Bavye ne devraient plus apparaître, chacun attend des nouveaux décideurs le respect de l’urbanisme en vigueur et une concertation franche et totale sur les objectifs pour éviter ce qui restera comme la pire des erreurs, le triste sort du dispensaire dont nous rappelons par une photo d’époque la grâce de son architecture et dont le personnel se dévouait au bénéfice de toute la cité.
Le Bavard continue de suivre ce dossier, se renseigne sur son développement et vous en dira plus lors d’une prochaine édition.