Un regard aigu

8 décembre 2018 0 Par EDITEURS
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Dans son numéro 92 les membres du Bavard s’interrogeaient sur l’avenir du journal et questionnaient les lecteurs sur leurs centres d’intérêt, leur ressenti face aux sujets traités et leur adhésion ou leurs objections aux prises de position de la rédaction.

Un lecteur s’est senti interpellé et a réagi à cet appel en livrant quelques réflexions dans un mail dont la tonalité méritait d’être complétée par un entretien de vive voix.

Un membre de l’équipe s’est donc rendu au domicile de ce lecteur avisé et s’est trouvé face à un couple de retraités récemment arrivés dans le quartier dans un logement « historique » rénové avec grand soin affichant une audace architecturale dans la distribution intérieure des pièces qui donne un profond sentiment de confort et d’espace étonnant.

Notre hôte précise d’emblée qu’il est fils de mineur, sa famille polonaise ayant émigré en France dans les années 30 et sa connaissance des conditions médiocres de logement des corons lui fait apprécier la situation des cheminots de la même époque.

Toutefois il observe que la retranscription faite par le Bavard de la réhabilitation mise en œuvre depuis quelques années passe trop souvent sous silence les ratés ou les conséquences de démolitions hâtives sans suites coordonnées laissant des espaces en friche propices au développement de zones insalubres.

Il s’étonne du peu de réactivité de la population et de la lenteur des réponses des organismes publics, lenteur qu’il a lui-même vécue dans ses démarches pour obtenir un assainissement de son propre environnement.

Au-delà de ce constat un peu amer, notre lecteur estime que l’histoire est un peu trop prégnante dans notre quotidien faisant ainsi état de notre référence à la dénomination « Délivrance » dont l’origine s ‘appuie sur un délibéré d’après-guerre 14/18 alors que le quartier aujourd’hui entre dans une phase de rénovation autant architecturale qu’humaine par l’arrivée de nouveaux habitants.

Il faut parfois oser dit-il et s’appuyant sur des exemples de la banlieue lilloise il propose de manière iconoclaste des appellations plus proches de la réalité de l’urbanisme contemporain, suggérant « le domaine des roses » se substituant à la cité de Délivrance trop connotée par un passé douloureux.

Le Bavard voulait des réactions, il en a eu et si des propositions audacieuses sont formulées cela ne peut que nourrir le débat comme les réflexions sur le « vivre ensemble » dans une communauté riche d’une histoire agitée et parfois tragique mais qui aujourd’hui doit faire face aux bouleversements d’une époque complexe à l’avenir incertain.

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