Un autre 11 septembre
6 décembre 2020Le 11 septembre 1942, jour du sauvetage des enfants juifs en gare de Fives, marque une date mémorable pour la communauté des cheminots lillois.
C’était une histoire restée discrète pendant longtemps. Mais suite à un travail de recherche accru sur les archives et auprès des acteurs de l’époque, la vérité émerge peu à peu, suffisamment d’ailleurs pour que le musée de la Résistance au Fort de Bondues y consacre une exposition, montée en collaboration notamment avec la caserne Dossin à Malines (lieu de transit pour les juifs envoyés dans les camps de la mort), l’association Rail et Histoire, des chercheurs locaux comme le Lommois Grégory CÉLERSE* qui travaille sur le sujet depuis 10 ans…
Le 10 septembre 1942 donc, la Guerre mondiale en cours n’empêche pas les familles juives de se regrouper pour fêter Roc Hachana, le Nouvel an juif. Le lendemain, à 4 heures du matin, dans la foulée de ce qu’il s’était passé au Vélodrome d’Hiver en juillet, les allemands raflent ces familles dans les principales villes de la région et les regroupent dans la gare de Lille Fives.
Aussitôt, la solidarité s’organise autour des cheminots et des initiatives courageuses vont se prendre pour sauver un maximum d’enfants juifs. Environ 60 d’entre eux seront mis à l’abri, dont 41 ont été identifiés à ce jour. L’un des héros discrets de cet événement, c’est Léon LAMMELEIN, conducteur, âgé de 42 ans et qui habitait alors avenue du Beau Visage (Roger Salengro aujourd’hui) à la cité de la Délivrance.
L’exposition, intitulée « Ombres et Lumière », a été inaugurée ce jeudi 10 septembre. Elle rappelle le contexte de l’antisémitisme et raconte la rafle, le sauvetage et la dissimulation des enfants, le sort de ceux déportés à Auschwitz via Malines en Belgique, le retour des survivants et la mémoire de ce tragique événement.
*Auteur de « Sauvons les enfants » Editions Les Lumières de Lille, qui retrace la rafle du 11 septembre 1942.