Notre dame de la Barrière
1 septembre 2021Dans notre numéro précédent, nous évoquions les processions des églises du Bourg et de Saint Christophe. D’autres traditions religieuses ancestrales étaient aussi d’actualité dans notre commune, notamment le pèlerinage en l’honneur de Notre Dame de la Barrière…
Faisons un peu d’histoire, nous sommes dans la deuxième moitié du 16ème Siècle, la Flandre est sous la gouvernance de Philippe II, roi catholique. Cette époque est marquée par la monté du Luthéranisme et du Calvinisme qui font scission avec l’église catholique ! Cette nouvelle religion, qui arrive d’Allemagne puis des Pays-Bas, se répand en Flandre et notre commune ne sera pas épargnée.
Les adeptes de cette nouvelle mouvance vont d’abord célébrer leur culte secrètement, qui va rapidement faire tâche d’huile et convertir de nombreux hérétiques. Devant cette monté populaire, des seigneurs locaux s’associent à ces nouvelles doctrines et vont armer des Gueux qui vont s’opposer à l’Eglise et à Philippe II d’Espagne et surtout attaquer et piller les communes flamandes. Le gouverneur de Lille, qui n’est autre que Maximilien d’Isenghien Seigneur de Lomme, doit rapidement faire face à ces Hurlus ou Gueux (hérétiques) et protéger la population. Tous les lieux catholiques sont visés et notamment les Abbayes…
Marquette possède une Abbaye Cistercienne, tenue par des abbesses. En l’an 1578, ce monastère subit les foudres de « Bras de Fer » chef guerrier des Hurlus, la partie semble gagnée pour les hérétiques quand brusquement, comme par miracle, les gueux sont mis en déroute et l’abbaye est préservée ! C’est un « miracle » ! Pour remercier la Sainte Vierge de sa protection et en signe de dévotion, l’Abbesse Marguerite de Bachimont fait apposer une image de la Vierge à l’extérieur, sur le mur d’enceinte de l’abbaye, à proximité « de la Barrière » d’entrée et c’est ainsi que sera désignée cette « Dame ». Par la suite, des miracles seront attribués à « Notre Dame de la Barrière », puis des pèlerins viendront la vénérer. Une chapelle sera aménagée dans la muraille pour protéger la Vierge. Cette période troublée aura pour conséquence de diminuer la foi de la population et donner libre cours aux superstitions et à la sorcellerie…
L’histoire ne s’arrête pas là… L’Abbaye aura une vie prospère jusqu’à la Révolution. Après cette période tumultueuse, les abbesses quitteront définitivement les lieux et la Vierge sera préservée par la dernière abbesse et confiée à la paroisse de Lomme en 1806. Elle fera partie des protectrices de la paroisse du Bourg et elle sera, à nouveau, honorée par des pèlerinages.
Aujourd’hui, elle repose dans un réceptacle qui se trouve sur la gauche, en entrant dans l’église Notre Dame de la Visitation. Une autre chapelle, qui n’existe plus, honorait aussi cette Vierge à Lomme, au Grand But, à proximité de l’Hospital St Philibert. Lieu, où jadis, Anne Delavaux fit offrande de sa « genette »(petite lance utilisée par les officiers de cavalerie)… Mais ceci est une autre histoire…
Sources : Lomme et ses Seigneurs, Prosper Francq, 1872 / Marquette et l’Abbaye du Réclinatoire, C S Spriet – Lille imp Lefevre-Ducrocq 1890 / Lomme avant 1789, Jules Brenne, Edit. A Bonne 1957
« Une autre chapelle, qui n’existe plus, honorait aussi cette Vierge à Lomme, au Grand But, à proximité de l’Hospital St Philibert. » il existe pourtant une représentation de « Nostre Dame de la Barrière » sur le mur de la maison à coté de St Philibert, et il se dit que des pèlerinages partaient de cet endroit.