Marcel Hoffmann
1 mars 2022Le vendredi 26 novembre 2021 à 10h30 a été organisé, au Sénat, une cérémonie de remise du titre de « Juste parmi les Nations », à titre posthume, à Marcel Hoffmann qui était cheminot à Fives pendant l’Occupation allemande (1940-1944).
Le 3 octobre 1940, le gouvernement de Vichy vient renforcer la position de l’occupant sur sa politique raciale, en promulguant une loi qui vise à établir le statut des juifs, l’Etat français a choisi son camp ! En accord avec les autorités allemandes, d’autres mesures continueront à isoler cette population et renforcer l’antisémitisme en France. Le port de l’étoile jaune est rendu obligatoire, dans le Nord Pas-de-Calais, le 1er juillet 1942, pour chaque personne de confession juive âgé de plus de six ans. Chaque chef de famille doit acheter les étoiles, les faire coudre sur les vêtements et les porter, sous peine d’être arrêté et déporté !
Dans notre région, tout bascule le 11 septembre 1942 ; des centaines de juifs sont arrêtés et rassemblés par la Feldgendarmerie (1). Le point de rassemblement est la gare de Fives (elle n’existe plus aujourd’hui). Un train est formé pour les envoyer en déportation ! Face à cette agitation, la population est tenue à l’écart par la police française, qui ne participe pas à cette rafle, mais se contente de servir d’interprète pour les Allemands. Les cheminots et les riverains comprennent très vite ce qui se passe.
Un élan d’humanisme et de solidarité va prendre le dessus : Il faut en sauver un maximum ! Les cheminots, premiers en contact avec ces personnes arrêtées, vont en cacher dans les bâtiments, bureaux, même sur une locomotive… Ensuite, un réseau avec l’extérieur de la gare va se créer pour évacuer les rescapés de cette rafle. Monsieur HOFFMANN, fait partie de ces cheminots qui n’écouteront que leur courage au mépris des risques encourus. Marcel Hoffmann est très actif ce jour d’été, puisqu’il lui est attribué quinze juifs sauvés d’une mort certaine. Il s’agissait surtout d’enfants. Profond respect pour cet engagement qui est enfin reconnu.
Un peu plus de 500 personnes seront ainsi déportées vers la Belgique puis vers le camp d’extermination de Birkenau. 39 personnes (principalement des enfants) seront sauvées grâce à l’action conjuguée de la population et des cheminots. Cette tragédie oubliée sera révélée par le travail de recherche réalisé par Grégory Célerse (historien lommois). Son livre (2) « Sauvons les enfants », sera préfacé par Serge Klarsfeld (3) qui lui rend hommage pour ce travail qui était méconnu et qui nous montre que la quête de la vérité est une recherche perpétuelle, pas toujours inscrite dans les livres d’histoire…
Remerciements à la famille Hoffmann pour les photos.
(1) Police militaire allemande
(2) « Sauvons les enfants », G. Célerse, éd. Les lumières de Lille (2016)
(3) Serge Klarsfeld, historien et avocat français, défenseur de la cause des déportés juifs.