L’évolution qu’on n’attendait pas
8 décembre 2022De passage avenue de Dunkerque un chantier attire l’attention par l’importance de deux tractopelles en plein travail accumulant d’immenses tas de débris. On ne reconnait déjà plus le bâtiment qui abritait la poste du quartier, élément important par son rôle social vis à vis des populations qui en avaient le plus besoin.
J’y rencontrais régulièrement les personnes âgées en quête de leur pension en espèces ou tentant de régulariser une facture à l’aide d’imprimés ou mandats complexes à remplir.
L’aide des deux agents postaux particulièrement à l’écoute était indispensable comme elle l’était également pour les populations originaires du continent du sud souhaitant transférer une partie de leurs salaires à leurs familles restées au pays.
Si on remonte plus loin on peut aussi se souvenir que sur ces terrains, l’école Lamartine offrait ses locaux aux jeunes enfants du quartier et a servi d’abri sanitaire le 11 avril 1944, au lendemain du bombardement et les jours suivants. Mon père, blessé dans notre maison, y a reçu des soins. Notre hébergement très provisoire face à ladite école durant ces quelques jours post bombardement me permettait une information directe !!
La réflexion qui suit ce constat d’une évolution du quartier n’est pas particulièrement positive car au moment où les pouvoirs publics parlent de services de proximité on se rend compte que ce souhait n’est pas partagé par tous notamment par d’autres pouvoirs possédant les moyens financiers et cherchant à les accroître.
La décennie qui vient de s’écouler a montré qu’un programme de réhabilitation du quartier pouvait entrainer des « déconstructions » nombreuses de logements dits « historiques » auxquels on ne reconnaissait pas la valeur patrimoniale et le caractère social de ces habitations.
La cité de Délivrance reste l’exemple concret de cette fracture entre les souhaits d’un public attaché à son quartier et les vastes plans de réoccupation des espaces et de l’urbanisme concoctés dans des bureaux lointains.