Lomme en mai 1940 (Extrait)
5 avril 2021Le 3 septembre 1939, suite à l’invasion de la Pologne, la Grande-Bretagne et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. C’est la mobilisation générale ! Les bâtiments scolaires de Lomme sont réquisitionnés pour entreposer uniformes, armements et matériels afin d’équiper nos soldats ! A cette époque, les avis sont partagés : « Les allemands n’oseront pas nous attaquer… ? » Cette inconscience collective va prendre le dessus et plonger le pays dans la « drôle de guerre ».
Un mois plus tard, notre commune voit arriver des troupes anglaises qui viennent s’installer dans la région lilloise. Les lommois sont étonnés et observent, avec admiration, la rigueur et la discipline de ces soldats britanniques. Ils sont cantonnés à la « Maison des Enfants » à la « Maison Léo-Lagrange » et chez l’habitant.
La cohabitation avec la population civile est remarquable, mais discrète. Le printemps 1940 s’annonçait beau et ensoleillé, l’hiver avait été rude et n’avait pas permis d’effectuer des manœuvres d’envergures, notre région sortait de l’hibernation…
Le 10 mai 1940, le réveil est brutal : la « Drôle de guerre » est balayée le « Blitzkrieg », la guerre-éclair ! Hitler passe à l’offensive à l’ouest. 80 divisions allemandes attaquent en même temps le Luxembourg, les Pays-Bas et les Ardennes françaises. La Luftwaffe bombarde les nœuds de communication importants. Lille, Valenciennes, Arras, Dunkerque, Calais sont touchés. La progression est fulgurante ; à la mi-mai, la 7ème Panzer Division de Rommel a atteint Cambrai, Douai, Béthune, La Bassée… c’est l’affolement et la désorganisation côté français et britannique. La population civile a encore en mémoire les privations et l’occupation de la première guerre, nombre de lommois quittent leurs habitations, c’est l’exode.
Voici un témoignage tiré du livre « D’une guerre à l’autre… » de Monsieur Jules Brenne :
“…le 23 mai 1940, vers midi, le convoi s’arrête à Lomme, à l’Ouest de Lille, sous les arbres de la cité des cheminots, dans l’attente des ordres. La plupart des pavillons de cette cité sont clos, les habitants ont quitté leur demeure. Vers quatorze heures, nous nous installons dans une propriété en bordure de la route de Lille à Armentières, que les Anglais qui l’occupent vont quitter quelques heures après notre arrivée. Le cantonnement est un bâtiment d’un étage, ancien hôtel particulier, au milieu d’un parc planté d’arbres (c’est la Maison des Enfants). Les véhicules sont camouflés sous les arbres. Dans le parc, entre le bâtiment et la route, un abri a été creusé depuis peu. Au loin et dans les environs, des explosions se font entendre. La gare de Lille-Délivrance est bombardée ainsi qu’Armentières et Bailleul. Les convois militaires circulent jour et nuit, la nuit surtout. Des civils qui n’ont pu “passer” rentrent chez eux…
Du 24 au 26 mai, les bombardements s’amplifient le jour. Les nuits sont relativement calmes. Dans la direction d’Armentières les grondements sont plus fréquents. Le ciel est plein de ronflements saccadés. Un bombardier passe à quelque cent mètres au-dessus du cantonnement, portant la croix gammée. Quelle audace. Il se dirige vers la route d’Armentières qu’il mitraille. La D.C.A. ne chôme pas, mais la chasse alliée semble avoir abandonné le ciel.”
Le numéro Hors-série n°4 du Bavard relate en détail la suite les évènements narrés dans cet article avec de nombreuses photos inédites. Si vous êtes intéressé, suivez la démarche à la fin de votre journal.