La conversation

13 octobre 1999 0 Par EDITEURS
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J’étais invite ce samedi soir chez des amis de longue date : un moment agréable où on pourrait parler de tout et de rien.

Dernier arrivé, en hôte bien élevé je me mêlais à la conversation sans jamais contredire mes interlocuteurs ; tenons-nous bien sans faire d’esclandre, sans aborder les sujets qui fâchent.

La famille est un sujet souvent intime : les évènements heureux ou douloureux s’y succèdent, excitant la curiosité de tous mais attention aux ragots et aux médisances.

La santé alimente d’inépuisables confidences petites douleurs ou graves maladies, elles sont évoquées avec force détails qui peuvent vite lasser nos interlocuteurs (les plus âgés étant les plus bavards sur ce sujet).

Le travail permet d’échanger des propos intéressants : notions techniques, emploi, rémunération, qualité de vie. Mais parler profession en sortant du boulot est-ce bien souhaitable alors qu’une soirée amicale est destinée à vous en faire échapper ?

Les voyages restent un sujet en or, agrémentés souvent d’échange de photos, mais nous ne sommes pas toujours les premiers à avoir découvert notre beau pays ou l’Amérique… II faut savoir raconter nos extases touristiques ou évoquer des anecdotes amusantes pour ne pas devenir ennuyeux.

Les spectacles sont un plat royal : théâtre, cinéma et surtout T.V. Partager son enthousiasme pour un film, un acteur est très bien venu mais après un jugement sommaire (tel que ah ! le bon film), il faut pouvoir expliquer le pourquoi de notre admiration pour inciter votre ami à la partager.

Il en va de même pour les livres mais n’assommons pas toute l’assistance avec des connaissances toutes fraiches et gare au pédantisme.

Le sport a ses adeptes, ses fans peuvent commenter un match de foot à longueur de soirée, mais cela peut agacer certains.

Les femmes raffolent de parler mode et s’échangent les bonnes adresses, enfants : éducation, succès scolaires, avenir ; la fierté familiale s’y affiche avec bonheur.

Le temps passait, le repas avait été agréable, l’humeur était joyeuse, les bavardages se croisaient un peu sans suite quelqu’un osa un sujet politique alors commença une série de monologues ou chacun donnait son avis de façon catégorique, poussant plus avant son argumentation, le ton montait et les invites se dévisageaient de manière agressive.

La maitresse de maison eut la bonne idée d’inviter les convives à passer au jardin où un beau ciel étoile d’été ramena progressivement le calme.

Un invité osa chanter une romance.

La beauté de la nature fit l’unanimité et chacun promis de se revoir.

Sur le chemin du retour je m’interrogeais : pourquoi le dialogue est-il difficile, l’amitié si fragile, l’écoute attentive de l’autre si rare

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