Histoire « d’aisance » (2ème partie)

Histoire « d’aisance » (2ème partie)

17 décembre 2007 0 Par EDITEURS
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Si à l’origine, aucune disposition législative n’impose aux chemins de fer de doter leur matériel de « water-closets », l’Administration se penche sur ce problème dès 1861.

En 1887, elle recommande d’équiper en priorité les trains à longs parcours et, plus précisément, tous les trains « qui marchent pendant plus de deux heures, sans stationnement d’au moins dix minutes ». Trop coûteux répondent les compagnies et plus particulièrement la Compagnie du Nord qui précise que la mesure, si elle était appliquée, toucherait 133 de ses trains et exigerait de dépenser une somme colossale pour la transformation de ses voitures. Elle prétend, en outre, que l’absence de water-closets dans ses trains n’a jamais soulevé de réclamations de la part du public.

Prenant en compte ce point de vue, l’administration demande néanmoins en 1890 que l’installation de water-closets dans les trains à grands parcours se fasse progressivement lors du passage aux ateliers des matériels concernés.

De fait, les compagnies s’engagent dans cette voie et expérimentent les voitures à couloir latéral, avec ou sans intercirculation, qui permet à tous les voyageurs d’accéder aux toilettes aménagées au centre de la caisse ou en bout de couloir. Mais les efforts fournis restent globalement insuffisants aussi l’Administration finit-elle par se fâcher pour de bon.

Le 7 juillet 1904, remarquant « que les commodités offertes aux voyageurs français sont restées dans un état d’infériorité regrettable par rapport à celles dont bénéficient la plupart des pays étrangers », elle exige que, dans un délai d’un an maximum, tous les trains effectuant un parcours de deux heures ne comportant aucun arrêt de dix minutes soient dotés d’un water-closet au moins ; et que dans un délai de trois ans, ces mêmes trains soient munis d’un water-closet par classe.

Malgré les protestations des Compagnies arguant des coûts d’investissement trop élevés quant à la généralisation des voitures à couloir et notamment pour la 3e classe, l’Administration tient bon et réfute de tels arguments.

Aussi, par une circulaire du 6 avril 1905, invite-t-elle une dernière fois les Compagnies à se plier à ses directives. Curieusement, c’est le Nord, jusqu’alors le plus réticent des réseaux, qui fait montre de la plus grande célérité : le 13 avril, il informe le ministre qu’il prépare sans plus attendre une commande de 100 voitures de 3e classe à couloir partiel de huit compartiments et deux water-closets partagés en deux groupes !

Tout paraissait ainsi rentré dans l’ordre au début du 20ème siècle, pourtant les voitures de 3ème classe construites en bois sans couloir et sans accès aux toilettes resteront en fonctionnement jusque dans les années 50.

Les anciens se souviennent encore aujourd’hui des banquettes inconfortables et des affres survenant lors des parcours un peu longs rendant l’attente du soulagement insupportable.

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