Un parcours dans Délivrance

20 septembre 2016 0 Par EDITEURS
J’aime

Comme il a été dit souvent, la cité a fait l’objet de nombreuses visites tant officielles que par la population environnante curieuse de voir le quartier appelé fréquemment « cité des roses » en raison de ses rosiers qui parsemaient ses haies de clôture des jardins.

Qu’en est-il aujourd’hui de cette réputation qui alimente encore les conversations des anciens cheminots et de leurs familles qui ont connu une époque où les jardins ne pouvaient se dissimuler derrière les haies taillées à 1m40 de haut nécessitant un entretien de tous les instants.

Si l’on démarre la visite par ce qui fut la place Jules Duhoo mais qui n’est plus qu’un carrefour à demi protégé, on ne peut qu’être saisi par la majesté des platanes affichant le caractère volontairement verdoyant du quartier qui nous attend.

Poursuivant vers la place Dompsin et la rue Pierre Fosfer, il faut oublier les terrains en friches provoquées puis délaissées par des promoteurs et s’arrêter au n° 16 qui offre aux regards un condensé floral artistiquement organisé autour d’un cerisier tandis qu’autour de la maison de superbes rosiers plantés dès la construction de la Cité exhibent leurs roses épanouies de remarquable fraîcheur.

C’est la belle surprise de ce début de visite confirmée par ce joli pavillon un peu plus loin, rénové avec beaucoup de soin et qui rappelle une architecture exceptionnelle de certains logements construits en 1922 par des architectes parisiens dont un exemplaire identique fut malheureusement détruit dans cette rue sans motivation réelle créant une nouvelle friche.

En se dirigeant vers le centre de la Cité, nous parvenons bientôt sur la plus jolie place du quartier offrant une triple rangée d’arbres d’espèces différentes qui entouraient à l’époque une très belle école maternelle encore visible sur les anciennes cartes postales mais qui fut détruite comme l’école Pasteur de la place Dompsin.

A la périphérie de la place s’élance un logement réhabilité tout récemment de belle manière mettant en valeur l’architecture rare et dont l’ancien portail clôturant le jardin a été abattu car trop vandalisé, mais il en reste heureusement un exemplaire debout sur le trottoir d’en face.

Plus loin, nous parvenons rue Giraud où les contrastes affluent entre les magnifiques jardins tant potagers que décoratifs de M. Pouly et la désolation de friches mitoyennes, terrains abandonnés depuis des lustres et n’offrant que des refuges à toutes sortes d’espèces indésirables.

En face, un très joli pavillon individuel dont l’architecture semble être l’œuvre de M. PICKETTY résiste de toute sa hauteur à l’abandon incompréhensible dont il fait l’objet.

Ayant abrité des bureaux, son intérieur totalement refait, ce logement délaissé par ICF Novedis est un reproche vivant de notre indifférence à l‘égard du patrimoine de la cité et son récent squattage fait craindre le pire quand on connaît le funeste destin du dispensaire dont le sort semble s’acheminer enfin vers une restauration de l’immeuble sans finalité médico-sociale mais tournée en direction du logement social.

Poursuivant notre visite, nous arrivons place Trocmet dont les vieilles cartes postales nous laissent le souvenir d’un espace ludique pour enfants et des charmantes maisons entourant ce cadre de verdure. L’aspect actuel fait plutôt penser aux zones insalubres qu’il faut éviter et c’est le rôle du barrage de rochers au visage rébarbatif montant la garde contre les intrus.

Les amorces de rues au départ de cette place offrent un curieux mélange d’aménagement de voirie ; côte à côte, les rues Hector Lemaire et Victor Allard présentent l’une des potelets et l’autre des énormes édicules de briques, les deux dispositifs étant censés ralentir les véhicules et protéger les piétons.

Les dits piétons et les mamans avec leurs poussettes apprécient chaque jour cette initiative lorsque dans les virages sans visibilité ils abordent ces croisements avec crainte et regrettent l’absence de concertation dans les projets de réhabilitation élaborées par la MEL.

Cette dernière justifiait ces aménagements sur l’idée généreuse du partage de la rue mais dans ces espaces c’est la loi du plus fort qui domine au détriment des plus faibles, en l’occurrence, les piétons.

Mais les roses me direz-vous, mis à part les maisons anciennes, où sont-elles aujourd’hui ?

Et bien elles se font rares car si quelques initiatives individuelles ont refleuri dans divers jardins, on ne rencontre plus la plupart du temps que des jardinières couvertes d’herbes folles quand elles ne sont pas simplement bétonnées tandis que les chemins herbeux longeant les haies ne présentent plus que quelques arbustes qui ont bien de la peine à émerger dans la flore sauvage qui les entoure.

Ces mêmes haies dont un trop grand nombre ne sont plus taillées par leurs riverains continuent d’offrir à qui sait humer ces effluves étonnantes en juin-juillet dont la mémoire olfactive plus vivace que la mémoire des noms ou des faits rappelle des souvenirs d’enfance heureuse aux anciens.

Le retour par les belles avenues ombragées Salengro et Délivrance offre une réelle satisfaction et l’on espère que la longévité de ces arbres sera identique aux derniers magnifiques marronniers qui bordent la place Dompsin et dont le feuillage apportait un ombrage rafraichissant aux jeunes écoliers quittant à l’époque l’école Pasteur.

Ce circuit se voulait orienté sur les roses mais malgré leur quasi absence notre quartier mérite comme autrefois le détour car ses rues en courbures élégantes devenues plus avenantes après leur réfection et ses maisons réhabilitées tant par les particuliers que par ICF présentent un urbanisme de qualité qui n’a rien à envier aux résidences huppées de la périphérie de LILLE.

L’office de tourisme de LILLE a été demandeur par le passé de visites du quartier et ses guides appréciaient le concours de membres du Bavard pour apporter et commenter avec humour les anecdotes d’anciens habitants ayant vécu l’histoire professionnelle et sociale de cet ensemble urbanistique humain.

Ces demandes étaient également relayées par les écoles du quartier dont les enfants découvraient avec étonnement et plaisir les mille et une facettes de ce quartier qu’ils croyaient connaître.

A quand les prochaines visites ?

Vues : 1