L’installation d’un médecin à Lomme

11 mars 2010 0 Par EDITEURS
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Vous connaissez tous un des membres de la rédaction du Bavard, médecin généraliste qui a exercé pendant 40 ans à la Délivrance et au Bourg de Lomme. Il a accepté de nous confier ses souvenirs et de répondre à nos questions.

Le Bavard : A quel moment votre vocation de médecin s’est-elle révélée ?

Jacques COTES : Ma vocation s’est révélée à un âge très précoce, à 6 ans. Il faut dire que j’étais le neveu d’un médecin généraliste qui étrangement avait été polytechnicien et ingénieur des mines auparavant et avait souhaité, au bout de 10 ans de carrière, se reconvertir. Il s’est alors passionné pour la médecine. J’éprouvais de l’admiration pour sa personnalité.

LB : Après vos études, vous avez donc choisi la médecine générale ?

JC : Oui. J’avais envie de soigner les gens. J’aurais pu faire une carrière hospitalière. Mais je voulais jouir d’une certaine indépendance par rapport à la hiérarchie. Le généraliste est son propre patron. Il est seul. Les hôpitaux étaient éloignés et on traitait alors les gens bien au-delà de ce qu’on les soigne aujourd’hui. On faisait un peu de tout.

LB : Pourquoi avoir choisi de vous installer à Lomme ?

JC : Lorsque j’étais étudiant, j’allais souvent me promener à vélo du côté de Verlinghem. Je revenais par l’avenue de Dunkerque, ce qui était plus facile car ça descendait. J’ai aimé ce secteur et je me suis renseigné pour savoir si je pouvais m’y établir.

LB : Où avez-vous installé votre premier cabinet ?

JC : À la mi-décembre 1954, j’ai trouvé une maison au 799 avenue de Dunkerque, en face de l’église du Bourg. C’était une ancienne menuiserie abandonnée. Il n’y avait, à l’époque, qu’un seul docteur âgé de 75 ans et qui exerçait encore, à environ 200 mètres de l’église du Bourg en direction de la Mitterie. Il était alors le seul médecin du Pont supérieur jusqu’à La Chapelle d’Armentières. Il est vrai qu’il y avait moins d’habitants qu’aujourd’hui. Les immeubles n’étaient pas encore construits, il y avait encore beaucoup de champs. L’ancienne ferme Lescroart que j’habite aujourd’hui était alors en pleine activité.

LB : Les premiers clients sont-ils arrivés rapidement ?

JC : Oui, dès le lendemain du jour où j’avais posé ma plaque, je recevais ma première cliente. Je n’ai pas eu besoin de faire de publicité car il y avait un véritable besoin. Dans un premier temps, le café d’en face, ainsi qu’un ami qui habitait non loin de là, prenaient les messages et venaient sonner à ma porte. C’était assez folklorique mais ça n’a pas duré longtemps. Il m’a tout de même fallu attendre six mois pour avoir le téléphone. Mon numéro était le 2.77 à Lomme.

LB : Comment se passait l’exercice de votre métier ?

JC : Comme aujourd’hui, il y avait les visites et les consultations. Avec le recul, je dirais qu’il y avait peut-être plus de visites que de consultations. D’ailleurs, les gens se déplaçaient peu. De plus, ils tardaient avant de nous appeler. Dame Nature est une bonne mère et tous n’avaient pas non plus les moyens de se payer le médecin. Toute la pathologie passait d’abord par le médecin généraliste.

LB : Dans les cas extrêmes, c’est vous qui décidiez d’envoyer les malades à l’hôpital ?

JC : Oui. De toute façon, dans les années d’après-guerre, des spécialistes, et il y en avait peu et ils enseignaient également en faculté à Lille. Les hôpitaux n’étaient pas aussi développés qu’aujourd’hui : le C.H.R ouvrait ses portes à Lille, Saint Philibert viendra s’installer plus tard à Lomme.

LB : Et vous vous déplaciez comment ?

JC : C’est dès cette époque que j’ai fait l’acquisition de ma première 2 CV. C’était une voiture symbolique, confortable et qui avait de bons côtés.

La 2 CV du docteur Jacques Cotes sera très vite connue dans la cité de Délivrance. Mais ceci est une autre histoire que nous vous raconterons dans notre prochain numéro.

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