Halte aux décibels !

16 juin 2000 0 Par EDITEURS
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Vivre dans le silence absolu est, parait-il, une insupportable épreuve. Cette expérience ne risque pas d’importuner nos oreilles modernes.

Le bruit fait partie du décor : le citadin s’y plait où s’y résigne. Les privilégiés s’en protègent (il n’existe pas de sanctuaire) et pour peu que la situation s’aggrave, les sensibles de l’ouïe devront vivre au fond des bois ou rêveront en boules Quies.

Constat de grincheux. L’homme moderne est un animal bruyant : il tond sa pelouse quand ça lui chante, fait partager à tout son voisinage ses gouts musicaux pour les fanfares militaires ou pour le rock. Le repos des malades lui importe peu, le sommeil des travailleurs de nuit l’indiffère.

Le chien du voisin aboie du matin au soir est-il inconvenant de se plaindre ? Qu’on lance des injures à Ia bête ou qu’on se taise, ce n’est pas elle qui se couche, c’est nous.

L’été, la situation s’aggrave. On quitte son jardin pour se refugier derrière son vitrage comme en hiver. Plus le bruit est présent, plus l’esprit se vide. Pour créer une impression festive, les grandes surfaces, le métro nous infligent une purée de musique.

Passons sur les sirènes d’ambulance, des pompiers mais les radios cassettes en transe des voitures roulant vitres ouvertes, les motos et mobylettes silencieux trafique vous vrillent les tympans.

On vit à tue-tête, le bruit arrache notre intimité et gâche notre loisir. Une jeune génération de sourds grandit : les mises en garde des hygiénistes sont mal reçues. Que faire ? Le problème devient politique, on promet des sonomètres des lois anti-bruit mais rien n’arrive et tout reste à faire.

Les riverains de la rue Albert Thomas sont heureux. Le renouvellement intégral de la voie par la pose de rails soudés sur la ligne S.N.C.F. a fait oublier le bruit saccade du passage des trains de marchandises.

L’aménagement de la rue en deux voies séparées semble avoir dissuade les automobilistes de s’y lancer à vive allure. Il est permis d’espérer !

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