LES BARAQUEMENTS DE LA PLACE CHAPPE

8 février 2019 0 Par EDITEURS
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Carte postale (vers 1930) de la place Chappe avec les baraquements

Dans le numéro 73 (réponse au grand concours), nous évoquions la place Chappe. Elle est immortalisée par une carte postale de l’époque… Pourtant cette place n’est pas sur le projet initial de construction de la cité de Délivrance ? De plus, elle n’existe plus aujourd’hui…

En 1920, le pays est en pleine reconstruction ; Lomme est une commune qui a souffert durant la guerre qui vient de se terminer. Elle n’est pas épargnée par la crise du logement. La Compagnie doit régler un problème de fond : l’hébergement du personnel pour lancer l’exploitation de la gare avant la fin de la construction de la cité. Une solution temporaire est envisagée : construire des maisons provisoires aux alentours de la cité. Il s’agit de construction rapide à bon marché, des baraquements en bois et sans isolation.

Naturellement ces constructions sont des verrues dans le concept des cités jardin. Raoul Dautry sera intraitable sur le sujet : « Dès l’achèvement des maisons de la cité, ces baraquements seront démontés ! »

Devant l’affluence des demandes de logements, cette volonté sera mise à mal. Durant plusieurs décennies, le provisoire deviendra une solution temporaire en attente de trouver un logement disponible…

Voici le témoignage d’un enfant de cheminot qui a connu ce type de logement :

« Ma famille arrive dans la cité en 1928. Mon père travaille à la Compagnie du Nord. Dans un premier temps nous sommes hébergés dans un baraquement, à la périphérie de la cité, en attendant qu’une habitation se libère. Cette maison en bois se situait près de l’ancienne place Chappe au niveau de la rue Delval. Je sens encore, aujourd’hui, l’odeur du « Carbonyle » (mélange de phénols et de créosote pour la préservation du bois) qui protégeait le bois de la maison. L’isolation était inexistante, l’hiver 1929 fut très rude. Ma mère ne savait plus quoi faire pour réchauffer la maison. Le soir, avant de nous coucher, elle mettait des briques à chauffer dans le four de la cuisinière, pour tempérer nos lits. Je me souviens de récipients, en forme de boule, qui contenaient de l’eau. Disposés dans toutes les pièces, ils devaient servir d’extincteurs du fait que la maison était en bois…

Deux ans plus tard, nous sommes partis rue Bocquillon, qui était encore en impasse, dans une maison qui faisait partie d’un groupe de quatre. Mes parents avaient quatre enfants. Ce logement était trop petit car ne comportant que deux chambres. Ma mère, très active, réussit à obtenir une maison plus grande rue Goubet. La joie fut de courte durée, cette demeure était très humide, six mois plus tard ma mère avait déposé une nouvelle demande de logement… »

Sur les plans des années 1950, on trouve encore emplacement de la place Chappe. Mais l’extension de la cité fera disparaître cette place et les baraquements.

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